Crise du logement en Corée du Sud : la fraude au dépôt de garantie, un fléau pour les locataires

Le système de location de logements en Corée du Sud est unique en son genre. Nommé « jeonse », il implique le versement par les locataires d’une importante somme d’argent en guise de caution, sans devoir s’acquitter d’un loyer mensuel. Ce dispositif longtemps populaire est aujourd’hui au cœur d’une crise sans précédent, marqué par une hausse alarmante des escroqueries.

Le « jeonse », un héritage traditionnel à l’épreuve du temps

En vigueur depuis le XIXe siècle, le « jeonse » était autrefois la pierre angulaire du marché locatif sud-coréen. Il permettait aux locataires de déposer une caution pouvant aller jusqu’à 80% de la valeur du bien immobilier, caution qu’ils récupéraient intégralement à leur départ. Ce système garantissait ainsi un logement sans loyer pendant la durée du bail, généralement fixée à deux ans.

Une flambée des escroqueries bouleverse le marché

Auparavant gage de sécurité tant pour les propriétaires que pour les locataires, le « jeonse » est désormais synonyme d’insécurité. Des milliers de Sud-Coréens se sont retrouvés ruinés après avoir été victimes d’escroqueries sophistiquées. Des propriétaires indélicats s’évanouissent dans la nature avec les cautions versées, laissant derrière eux des locataires endettés et sans recours.

Un impact dévastateur sur la vie des jeunes adultes

Les jeunes sont particulièrement touchés par ces fraudes. Beaucoup contractent des prêts bancaires pour pouvoir accéder à un jeonse et se retrouvent ensuite submergés par les dettes lorsque leurs économies s’évaporent avec l’escroquerie. La pression financière et sociale qui en découle a malheureusement conduit certains au suicide, mettant en lumière l’urgence d’une intervention étatique.

Des tentatives législatives insuffisantes face à l’ampleur du problème

Bien que consciente de la gravité de la situation, l’action gouvernementale reste timide. Une loi récente offre certes un soutien aux victimes sous forme de prêts sans intérêt sur deux décennies, mais elle s’avère largement insuffisante. Les victimes et les associations plaident pour des mesures plus radicales afin d’alléger le fardeau financier qui pèse sur les épaules des jeunes adultes dupés.

L’appel à une réforme structurelle du système

Dans ce contexte préoccupant, experts et militants appellent à une révision profonde du système « jeonse » afin d’en améliorer la transparence et la sécurité juridique. L’enjeu est considérable : il s’agit non seulement de protéger les droits des locataires mais également de préserver l’intégrité du marché immobilier sud-coréen.